Lettre pour Julien Courbet

Lettre ouverte de ELISABETH CP à Julien Courbet
“Aidez-moi ! ma banque me prend mon aah !”

mercredi 1 avril 2020,

Bonjour Julien Courbet,

3 lettres SLA (ou maladie de Charcot) sont entrées sournoisement dans ma vie depuis l’âge de mes 12 ans. Si cette maladie « énorme » m’est tombée sur la tête en sortant du cabinet du neurologue, je suis malgré moi montée à bord avec courage de ce train fou en marche qui je savais ne pourra pas s’arrêter, aucun traitement curatif, aucun traitement qui retarde de quelques mois son inexorable évolution ...
Si des aides techniques m’ont été d’une aide tout aussi précieuse qu’indispensable à mon quotidien, cette « bête immonde » qui s’est introduite dans ma vie, me fait désormais basculer dans l’horreur impitoyable de la dégradation, du handicap lourd et de l’atteinte de la dignité humaine. Certaines maladies sont injustes et vides de sens, ma Maladie de Charcot en est un exemple.
Je tombe, je trébuche, les muscles de ma jambe gauche ne répondent plus à l’ordre donné par le cerveau de se lever, les montées aussi sont difficiles. Ma rotule se déboîte de mon genou et part vers l’extérieur la plupart du temps lors de mes faux mouvements, c’est douloureux et cela m’a causé trois fractures consécutives de ma cheville avec une année en fauteuil roulant. Aujourd’hui, je ne peux plus poser mon genou sans souffrir terriblement... La fatigue s’intensifie au fil du temps, le seul remède étant le repos ! Le corps médical se montre rassurant car la forme de la SLA dont je suis atteinte aurait l’évolution la plus lente et la plus discrète !! Ironie du sort !
J’ai peut-être beaucoup de temps devant moi ? Alors je m’efforce de vivre comme si.... tout en sachant que la bête est tapie dans l’ombre car elle sait très vite me rappeler à l’ordre ! Je vois bien qu’en fait je ne peux rien faire comme tout le monde... j’essaie de ne pas m’apitoyer, de ne pas y penser, pas de temps à perdre, profitons quand il en est encore temps... Ma fille unique de 22 ans, mes rares amis et mes voisins ne comprennent pas réellement l’énergie vitale que cette atroce neuropathie sensitivomotrice mobilise, mais aussi celle qu’elle peut procurer pour mener le combat de tous les jours. Ils imputent bien trop souvent mes fragilités psychologiques à un manque de volonté !!!

Je n’ai malheureusement pas la chance de surcroît d’être « soutenue et entourée ». Je vis seule, divorcée, logée à titre gratuit chez ma maman - atteinte d’Alzheimer et d’un lourd Diabète - dont la tutelle légale m’a été refusée en raison de ce que les juges considèrent comme des « fragilités de santé » !
Durant 20 ans j’ai élevé ma fille seule, puis « l’effet miroir » de notre ADN (elle est également diagnostiquée avec une identique forme de CMT) l’a poussée à choisir d’aller vivre loin de moi chez son papa aux États- Unis et je ne peux la voir que 10 jours par an... un père qui n’a pas hésité à me laisser démunie toutes ces années sans AUCUNE pension alimentaire et qui se permet, sans aucune honte ni remords, de manipuler la naïveté des sentiments de sa fille dès son 18ème anniversaire révolu pour jouer le rôle du « papa super héros » qu’elle n’a jamais connu...
Seule mon AAH de 900 € me permet de subvenir à mes besoins qui grandissent de plus en plus... je l’avoue, la peur et l’angoissent m’envahissent car déambulateur, puis scooter médical électrique et autre matériel entrent à la maison. Des frustrations dans le quotidien pour moi apparaissent car je ne peux plus me déplacer comme je le veux, mais je fais toujours front et c’est important de continuer de l’avant je le sais, d’avoir des projets malgré la maladie. Je compense le handicap tant que je le peux, je « m’adapte » car il faut distancer la maladie, ne pas la laisser me rattraper. C’est un défi. Je dois être plus forte qu’elle. C’est pour cette raison que je suis en train de vous détailler, du mieux que je le puisse et surtout telle que je la ressens, la gravité de ma situation afin que je continue mon humble cheminement jusqu’au bout de cet « impasse » que la maladie m’a obligée de suivre dans ma vie.

J’ai un ressenti vital de maîtriser les événements, de les subir le moins possible, de rester actrice de ma vie le plus longtemps possible. Heureusement, il y a l’ordinateur et la réalité virtuelle pour m’évader. Je ne me plains pas mais j’en suis réduite à vivre ma vie par procuration. Ce n’est pas du courage, c’est bien plus que cela car j’ai toute ma conscience, toute mon intelligence et je sais parfaitement où je vais, où je m’en vais... seule, sans personne à mes côtés pour m’apporter aucune affection... Vous ne me liriez pas en ce moment présent si ce n’était pour vous lancer un APPEL DE DÉTRESSE face à un évènement, majeur et indépendant de ma bonne volonté, qui vient entraver mon difficile parcours de vie car il s’est transformé en un obstacle infranchissable sans l’aide d’un tiers : c’est la raison pour laquelle je me résous à le dénoncer publiquement. Je m’en remets à toute votre haute bienveillance et humanité pour m’aider à réparer l’injustice qui frappe trop souvent les personnes vulnérables en situation de handicap..

. Alors que nous traversons une crise sanitaire sans précédent avec cette tragique pandémie du COVID19, ma Banque LCL me plonge dans une profonde difficulté en dénonçant brutalement mon autorisé à durée indéterminée sur mon compte de dépôts courant. Bien que la Direction de LCL ne soit pas tenue de motiver sa décision, je me permets humblement de mettre une nouvelle fois en avant ma fragilité / précarité financière car je rappelle n’avoir pour seuls revenus que ma pension AAH de 900 € mensuels, comme je l’ai précisé plus haut dans ma lettre..

.Parfaitement conscients de mon statut social, la Direction du LCL avec qui j’ai l’habitude de traiter mes démarches bancaires, a également été témoin dernièrement de la réduction drastique des ressources de mon foyer puisqu’ils assurent également la gestion du compte en surendettement et sous tutelle de ma maman, victime de surcroît d’un grave AVC durant les fêtes de fin d’année 2019. Un mandataire judiciaire à la protection des majeurs assurant la gestion de ses finances, il leur est très facile de constater qu’aucune assistance / aide pécuniaire ne m’est, ni ne me sera, octroyée de la part de ce dernier alors que l’article 205 du Code Civil Français indique qu’une obligation alimentaire à double sens s'applique des parents aux enfants qui sont dans le besoin...

• Soucieuse de leur témoigner de ma bonne foi, j’ai immédiatement adressé ce problème dès réception de leur courrier en prenant plusieurs rendez-vous avec la Directrice de mon établissement bancaire. Cette dernière a repoussé chacun d’entre eux avec des motifs variés, tout en étant polie et courtoise, en me rassurant tout d’abord sur la possibilité de renouvellement de ce crédit moyennant un simple rappel de ma part à son bon souvenir vers l’approche de la date d’échéance du contrat. Méfiante et angoissée, j’ai repris contact un mois avant et mon entrevue à l’agence a été annulée pour une cause grippale. Ma troisième tentative fut des plus traumatisante pour moi car la Directrice m’a annoncé par téléphone qu’elle ne pouvait pas me recevoir ni reconduire mon autorisation de découvert puisqu’elle venait tout juste de se rendre compte que je faisais l’objet d’un fichage FICP ! Jamais auparavant je n’ai été tenue informée de ce fichage et je peux certifier sur l’honneur que je n’en ai oncques eu connaissance.

• Paniquée, j’ai désespérément tenté de plaider ma cause auprès des responsables du LCL concernés afin qu’ils m’accordent au moins la mise en place d’un échéancier de remboursement de ma dette étalé sur 10 ou 12 mois. Je ne peux pas me permettre de ne pas honorer mes charges du mois d’avril à venir qui vont être prélevées sur mon compte ni rester 4 semaines sans courses alimentaires si ce dernier est amputé de toute mon allocation pour rembourser mon autorisation de découvert. Peine perdue, ils sont restés imperméables à toutes mes supplications, y compris au courrier que le Député du mouvement La République en marche ! dans la 2e circonscription des Landes – Mr Lionel CAUSSE & son collaborateur Mr ROUSSEL – a eu la grande amabilité de leur adresser en ma faveur. J’ai, en effet, été amenée à exposer ma situation auprès de la Mairie de mon village pour demander de l’aide et ils ont eu la diligence d’orienter ma tragique histoire auprès des autorités départementales.

Je me retrouve donc pour nous résumer :

--> Seule, isolée, handicapée et confinée avec les mesures gouvernementales prises pour lutter contre le COVID 19. Angoissée, je fais de tout cœur confiance à notre Président de la République, Mr Emmanuel MACRON, qui se veut rassurant dans son allocution du 16 mars 2020 : « Pour la vie économique, pour ce qui concerne la France, (...) aucune Française, aucun Français, ne sera laissé sans ressources ».
--> Je tente également de ne pas céder à la panique en relisant les textes de lois stipulant que les pensions pour adultes handicapés ne sont pas saisissables.
--> Malheureusement, la réalité de notre société actuelle fait que les plus démunis comme moi sont tristement très souvent les premiers touchés. Notre propre système Bancaire privé se permet de transgresser toutes ces lois en prélevant à une handicapée l’intégralité de son AAH sur son compte pour le remboursement de son crédit sans lui donner la possibilité de bénéficier d’un échéancier de paiement ni d’aucun report de délais, pourtant octroyés à toutes les entreprises durant la crise économique du COVID 19.
--> Je n’ai accès à aucune aide sociale car je suis « logée à titre gratuit » chez ma maman et les services sociaux considèrent les ressources COMMUNES du foyer fiscal même si cette dernière est en fin de vie, surendettée et sous tutelle, placée en unité longue durée psycho gériatrique suite à son AVC !
--> La Justice Française permet la rémunération d’un Mandataire Judiciaire chargé de la tutelle de ma maman, à hauteur du pourcentage légal autorisé sur ses confortables pensions de retraite, tandis que ce tuteur me refuse – bien que fille unique – toute aide financière susceptible de me permettre de surmonter cette épreuve dignement. Il m’encourage du reste à médiatiser cette incohérence car il se doit de respecter la Loi !
--> La Banque LCL n’étant tenue légalement de me laisser sur mon compte, selon la législation en vigueur, que le montant du solde bancaire insaisissable égal au montant forfaitaire mensuel du Revenu de Solidarité Active pour une personne seule, soit 559,74 €, mes charges mensuelles vont engloutir la totalité de ce montant (avec notamment les prélèvements automatiques de mes assurances souscrites chez LCL qui a su me fidéliser pour ma couverture médicale ainsi que pour l’assurance de ma voiture). Je me retrouve donc pour le mois prochain SANS AUCUNE RESSOURCE ALIMENTAIRE pour subvenir à mes besoins personnels.

Au regard des faits que je viens de vous énumérer, je me suis résolue à suivre écouter les paroles du mandataire judiciaire en grand désespoir de cause et de médiatiser un tel disfonctionnement ... j’ai besoin de trouver une personne qui sera en mesure de faire pression dans l’urgence auprès de ma Banque LCL devant leurs agissements peu scrupuleux avec une personne handicapée isolée en pleine conjoncture de terrible crise sanitaire et humanitaire. Si cette action s’avérait impossible à réaliser, je vous supplie de me rapprocher d’une « main charitable » qui m’accordera sa confiance en me prêtant de l’argent qui me servira à subvenir à mes courses alimentaires pour le mois d’avril 2020 et que je m’engage, ici même par ce présent courrier, à rembourser selon les conditions qu’elle me communiquera. Enfin, gardant comme espoir également que mon humble requête soit lue, par miracle et bonheur, par Monsieur le Président de la République ou bien par son épouse Madame Brigitte MACRON, je viens vous implorer respectueusement d’honorer votre promesse du 16 mars 2020 en ne me laissant pas sans ressources dans cette dramatique période qui ne me permet plus une insertion sociale et professionnelle normale.

Dans l’attente d’être entendue et aidée, je vous souhaite bonne réception par avance de toutes ces informations et je vous remercie bien vivement pour toute l’attention que vous voudrez bien accorder à ma cause.
Je vous prie d’agréer, Cher Monsieur Courbet, l’expression de tous mes sentiments distingués et de ma plus parfaite considération.

Auteur: ELISABETH CP

Lettre pour Julien Courbet. Lettre 274.

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